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La solitude du chef d’entreprise, par Louis Gallois

par | Tribunes

20 Sep, 2017

En 2013 Hervé Hamon (écrivain, cinéaste, et éditeur français) publiait « Ceux d’en-haut », un ouvrage d’entretiens avec des décideurs et des patrons. Parmi ceux-là Louis Gallois, ex patron de la SNCF et d’EADS notamment, qui livrait sa vision du métier de chef d’entreprise tout en nuançant ce terme selon que l’on soit à la tête d’une PME ou d’un grand groupe.

Le pouvoir

« Maintenant, j’ai du pouvoir, ou plutôt une certaine capacité à agir, une obligation d’agir. Je prends des décisions et je veille à ce que ces décisions soient appliquées. Ce qui n’est pas une mince affaire.

Les entreprises ne fonctionnent pas comme les armées. Il y a tout un jeu, les actionnaires, le personnel, l’encadrement, les dirigeants qui ont chacun leur tactique.

Sans compter mon comité exécutif qui rassemble onze membres, c’est-à-dire onze ego. »

La solitude

« La solitude du chef, ce n’est pas une idée en l’air. On est seul, dans ce métier.

On peut avoir des collaborateurs dont on est très proche, mais tout le monde, au sein de ces entreprises, est dans des jeux de tactique, des jeux personnels, des amours et des haines.

Ça ne me pose pas de problème, mais vous êtes seul, in fine. « 

Le patron de PME

« Il n’y en a qu’un pour qui, à mon sens, ce soit plus difficile : le patron de PME. Lui, il est en première ligne sur tous les sujets, il est directeur financier, il est DRH, il est évidemment directeur de la stratégie, il est tout, il voit son banquier, il est souvent actionnaire de sa boîte, et c’est son patrimoine qu’il a engagé.

Moi, je les admire, ces gens-là, je suis dans une position infiniment plus confortable, j’ai des amortisseurs dans tous les coins.

Je pense que ce serait une excellente thérapie pour les patrons de grandes entreprises dont la tête a tendance à enfler que d’affronter la vie concrète d’une PME, la vraie vie sans doute. « 

La bulle des grands groupes

« Nous autres, nous sommes dans une bulle. Tout est facilité, tout est précuit. On me prend mes billets de train, je ne fais pas la queue au guichet, je ne clique pas sur Internet, j’ai un chauffeur, un avion privé quand je me déplace en Europe.

Je dois faire un effort, oui, un effort pour garder les pieds sur terre, pour garder une hygiène de vie. « 

Source : Challenges, 8 avril 2013

En savoir plus sur le livre : Ceux d’en haut, publié chez Seuil

Crédit photo : Gilles Lambert

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Auteur de l’article :

Stéphane Ozil