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FAIRE : la nouvelle frontière de la transformation digitale?

par | Tribunes

20 Avr, 2017

Quelles que soient les entreprises, les processus de transformation digitale mobilisent d’abord les plus motivés, et c’est autant valable à l’échelle des entreprises qu’à l’échelle des individus et métiers ou fonctions concernés au sein de ces mêmes entreprises.

Le nouvel enjeu de la transformation digitale : mobiliser tout le corps de l’entreprise

Que le projet parte du dirigeant, ou du client qui incite à ce genre d’évolution, il mobilise généralement en premier les fonctions du marketing, de la communication, de l’innovation, normalement de l’IT mais en réalité c’est loin d’être le cas… avec de grandes disparités au sein des équipes elles-mêmes.

Mais pour aller plus loin, il ne suffit plus de mobiliser ces quelques équipes ou personnes-clés : il faut faire bouger l’ensemble du corps de l’entreprise.

Car le grand enjeu des entreprises aujourd’hui, celui que doit servir la transition numérique, est de concilier agilité et vision : c’est-à-dire une capacité à évoluer avec aisance dans le court-terme sans perdre de vue une vision stratégique long terme. La transformation digitale n’est finalement qu’une mise à jour générale des outils, des méthodes et du mode de fonctionnement d’une entreprise, intégrant les changements techniques et culturels apportés par le numérique.

Or comme pour le corps physique, la souplesse globale ne se cantonne pas à être très agile de la main droite, ou très souple de la hanche gauche : c’est l’ensemble des membres qui doivent être capables de se mobiliser souplement, d’interagir entre eux pour que le corps évolue sans à-coups ni heurts et de manière durable, avec une bonne connexion et synchronisation entre la tête et le reste des membres.

L’agilité collective ne se résume donc pas à une super-agilité de certains membres minoritaires : c’est la somme des agilités individuelles.

Il ne suffit pas de doper son département innovation pour multiplier les hackathons et connaître toutes les start-ups de la planète (si ça a jamais suffi…) : il faut aussi être capable de créer les conditions d’une innovation et d’une souplesse générale incrémentale au quotidien, au niveau des métiers et des projets usuels, pour que cette agilité collective s’exprime véritablement.

La tête et le corps obéissent-ils aux mêmes règles ? Quelles méthodes de transformation digitale utiliser ?

Quand il s’agit de généraliser et de diffuser des nouvelles méthodes de travail, des nouveaux enseignements ou une culture nouvelle, il y a bien une façon de faire qui ne fonctionne généralement pas et qui est celle qu’on reproduit généralement dans les entreprises, et la vague actuelle n’y échappe pas : une transmission appauvrie et industrialisée des savoirs réduits à des contenus pré-digérés et pauvres en interactivité.

Vous aurez notamment reconnu la grande mode actuelle du « digital learning » industrialisé qui ne répond même pas à des contraintes économiques, car dépenser de l’argent pour des actions moins qualitatives qui ne produiront pas de résultats, ce n’est pas vraiment un raisonnement économique ? Par contre c’est un raisonnement de « bonne conscience », où chacun a l’impression d’avoir joué son rôle dans la transformation digitale en cochant la case qui lui a été attribuée : l’employé qui a suivi le format en ligne en question, les RH qui ont proposé des formations à l’ensemble des équipes, le dirigeant qui a formé ses équipes…

La mobilisation des individus ou fonctions les plus moteurs, les plus « early-adopters », ne répond pas aux mêmes critères de motivation que la mobilisation de la masse. Il ne suffit pas de simplifier et de généraliser les méthodes qui fonctionnent pour la minorité à la majorité.

Pour un individu motivé, un Mooc ou autre format dérivé (Spoc etc.) peut être un excellent format. Pour un individu qui n’a rien demandé, et à qui on propose un nouveau contenu à travers ce format, le résultat est nettement moins garanti : car la qualité de l’apprentissage n’est pas directement liée à la qualité du contenu proposé, mais transite d’abord par le cerveau et la motivation de l’apprenant ! Certes, les chances de réussite s’améliorent avec de l’interactivité, du support en ligne, des quiz, des projets à rendre et autres améliorations pédagogiques, mais ça ne change pas le fond de la condition clé de réussite : sur quelle motivation s’appuient-elles ?

Apprendre par l’expérience et la pratique individuelle : une clé intemporelle de motivation… à conjuguer au présent numérique

Les bonnes réponses venant quand on se pose les bonnes questions, la bonne question est donc : comment générer de la motivation pour la transformation digitale, et pour s’y former, à l’échelle collective ?

Pourquoi certains Mooc ont énormément de succès et intègrent des formations d’entreprises APRES AVOIR été adoptés par un très grand nombre d’individus isolés et motivés d’eux-mêmes ? (Source : un des leaders français des Mooc d’entreprise)

Parce qu’ils ont su répondre à 2 critères qui sont devenus aujourd’hui clé à l’échelle de l’individu :

  • un intérêt personnel pour se former sur le sujet, au-delà d’une pure dimension professionnelle limitée à sa fonction ou son métier actuel(le) ;
  • une capacité à générer des connaissances « actionnables », avec lesquelles on peut faire quelque chose de concret.

Une formation collective à quelque chose d’aussi complexe, culturel et « virtuel » même parfois que la transformation digitale, ne peut se passer de ces ingrédients : susciter une motivation individuelle basée sur un intérêt personnel des participants et sur un apprentissage concret, tangible, et idéalement reproductible ou adaptable au quotidien.

Alors comment faire ?

Tout simplement, remettre la main à la pâte, manipuler concrètement le numérique, le mettre à la portée de chacun en démystifiant la technique et la capacité à faire, en y remettant du plaisir et de la joie de créer au passage… C’est possible, et ça marche !

On peut s’appuyer par exemple sur des initiations à la programmation, qui ont été adaptées aux usages et besoins en entreprise, pour créer des formations utiles et intéressantes à la fois, qui mobilisent l’individu tout en pouvant se mettre au service de l’activité de l’entreprise, à travers des créations de projet répondant à des besoins observés au quotidien.

Le numérique se met ainsi à la portée de chacun, qui peut en devenir acteur à son échelle : qu’attendez-vous pour devenir des makers ?

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Auteur de l’article :

Youmna Ovazza